Site en cours de développement. Dernière mise à jour : 24 mai 2019.
La plateforme PASSARE est un outil numérique adressé aux étudiants, enseignants et enseignants-
chercheurs travaillant dans le domaine des études bibliques et intéressés, plus spécifiquement, à
l’étude du corpus biblique du point de vue littéraire, philologique ou linguistique. Cet outil permet de dresser une cartographie exacte des correspondances intertextuelles
(concordances ou discordances) entre un corpus de textes appartenant à la Bible hébraïque
(Samuel, Rois, Chroniques) et un corpus de textes appartenant à la Bible des Septante (Règnes
et Chroniques).
Le projet PASSARE s'inscrit dans le domaine de la recherche en littérature biblique. Il se
distingue des outils déjà existants parce qu'il est résolument orienté vers l'étude du texte
grec de l'Ancien Testament, au lieu de privilégier le texte hébreu comme on le fait la
plupart du temps.
On prendra en compte deux sources du texte biblique, issues de deux
branches dans l'histoire de sa transmission : d'une part, le texte hébreu traditionnel
(Livre du Tanakh ou “texte massorétique”, qui s’est fixé définitivement au milieu du Moyen
Âge à partir d’un texte mis en circulation avant l’ère chrétienne) ; de l'autre, la première
traduction grecque (Bible des Septante, dont la composition, entourée de légendes, s’étend
entre le III siècle av. J.-C. et le I siècle apr.J.-C.) Cette traduction, étant antérieure à
la fixation du Tanakh, est utilisée en études bibliques parce qu'elle peut ici ou là
témoigner d'états plus anciens du texte hébreu. Mais elle a aussi sa propre histoire, qu'il
s'agit d'éclairer.
Au sein de ces deux sources, on étudie deux séries de livres liées
entre elles : d'une part l'ensemble formé par les quatre livres de Samuel et des Rois ;
d'autre part les deux livres des Chroniques. Ces récits historiques couvrent la même
période: ils relatent l'histoire d'Israël et la généalogie de ses rois, depuis le premier
royaume unifié sous David jusqu'à l'exil de Babylone, soit du XIe au VIe s. av. J.-C. Bien
que chacun possède sa vision particulière et ses épisodes propres, ils comportent aussi de
nombreux épisodes parallèles, qu'on appelle aussi synoptiques, dont le contenu et la
formulation sont presque identiques sur quelques lignes ou quelques pages. Ces passages sont
actuellement au cœur de maintes théories savantes cherchant à retracer avec quelles sources
ont travaillé les auteurs de Samuel-Rois d'une part, des Chroniques d'autre part. Les
développements récents de la recherche se distinguent par la place centrale qu'y prend le
débat sur l'histoire textuelle des traductions grecques, considérée comme la principale
porte d'accès à une histoire du texte hébreu.
Or, certes depuis longtemps des instruments
existent, sur papier puis sous forme numérique, qui permettent de présenter en synopse les
passages parallèles de Samuel-Rois et des Chroniques ; mais aucun ne paraît être à la
hauteur de la science contemporaine en ce qui concerne les traductions grecques. Ainsi ne
présentent-ils généralement qu'un seul texte grec, celui édité par Rahlfs, négligeant
l'hypothèse qui forme pourtant désormais peu ou prou la base de ces études, selon laquelle
le texte de Rahlfs ne réussit à atteindre l'état le plus ancien que pour certains chapitres,
tandis que pour d'autres chapitres c'est le “texte antiochien” qu'il faut prendre en
considération.
Le but est de faciliter la recherche sur l’histoire de la traduction
grecque, d'une part en accélérant par l’outil numérique les opérations destinées à valider
certaines hypothèses, et d'autre part, en présentant le résultat d'une façon à la fois
exhaustive et facile à saisir.
On étudie donc les rapports entre deux séries de livres
dont chacune est considérée en deux langues, soit quatre textes en tout. La tradition a fixé
le vocabulaire permettant de les distinguer, puisque les équivalents des livres hébreux de
Samuel et des Rois, dans la Bible grecque des Septante, s'appellent les livres des Règnes,
tandis qu'aux Chroniques du texte hébreu correspondent des livres grecs intitulés
Paralipomènes.
Dans les passages synoptiques, les deux traductions grecques (i.e. Règnes
et Paralipomènes) présentent la plupart du temps (mais pas toujours) un sens semblable,
comme on peut s'y attendre puisque ce sont deux traductions de textes hébreux semblables ou
même identiques ; mais aussi, tout en étant nettement différentes dans leur formulation,
elles présentent des similitudes de tournure qui ne peuvent s'expliquer que par une origine
commune. Certainement les passages synoptiques n’ont pas été traduits deux fois
indépendamment: plutôt, une première traduction a été réutilisée et révisée pour donner
naissance à l'autre. Mais dans quel sens? La datation n’est pas assez précise pour
déterminer un historique de composition ; à ce jour, le rapport généalogique entre les deux
textes est encore un sujet de recherches et de débats. L'hypothèse de Shenkel, fondée sur
une partie seulement du corpus, selon laquelle dans les passages synoptiques la traduction
des Règnes a été la première et celle des Paralipomènes en dérive par une révision, n'a été
ni infirmée ni non plus systématiquement étendue au reste du corpus.
Il convient donc de
vérifier si l'hypothèse de Shenkel rend compte convenablement des lieux où les deux
traductions diffèrent bien que leurs sources soient identiques.
En outre, de façon
mystérieuse, il existe aussi un grand nombre de lieux où elles ont le même sens bien que
leurs sources diffèrent : autrement dit, l'un des deux textes grecs, au lieu d'être fidèle à
son propre texte-source hébreu, en diverge et semble suivre le texte-source de l'autre. Sans
prétendre résoudre le problème, en dresser une cartographie exacte devrait rendre les plus
grands services aux chercheurs.
Le nom du projet, "PASSARE", est un acronyme composé par les titres latins des
livres en étude : PAralipomena (Paralipomènes ou Chroniques), SAmuel (Samuel) et REges (Rois).
Le "S" supplémentaire a été rajouté pour composer le verbe italien "passare", qui signifie "passer" au sens de "transmettre", "rapporter". La notion de transmission,
en effet, est centrale dans ce projet : d’une part, parce que l’on travaille avec des textes qui ont transmis, au cours de l’histoire et à travers les cultures, un patrimoine
culturel et théologique de la plus grande importance ; de l’autre, parce que ce projet
même se propose, par la création d’un outil d’appui à la recherche, de contribuer à la
transmission de ce patrimoine et de cette culture dans l’époque contemporaine.